Philip Guston à la Tate Modern
Artiste majeur de la scène américaine contemporaine, Philip Guston secoue et fait réfléchir sur notre monde tourmenté. La tate Modern lui consacre enfin une grande rétrospective.
Philip Guston, una grande exposition à la Tate Modern
- Un peintre majeur de la scène new-yorkaise du XXe siècle
- Les trois grandes phases de son travail, jusqu'à son tournant figuratif et virulent
- La force des images, melange de tragique et d’ironie mordante
- Une dénonciation des maux qui rongent la société américaine : violence, racisme, corruption
- Une influence pérenne sur l'art américain contemporain
Un artiste canadien installé à New York
Né à Montreal de parents juifs ayant fuit l’Ukraine, Philip Guston (1913-1980) émigre rapidement à Los Angeles où, dans les années 1930, il fait la connaissance de Jackson Pollock qui le convainc de se rendre a New York où il créera l’essentiel de son œuvre.
Les trois phases de Philip Guston
Les années 1930 jusqu’à 1947 sont caractérisées par une figuration largement inspirée de Giorgio de Chirico et de Max Beckmann, ainsi que par la rigueur formelle de Piero della Francesca. A partir de la fin des années 1940 jusqu’à la fin des années 1960, Guston est un des principaux membres de l’expressionnisme abstrait de l’Ecole de New York, aux côtés de Pollock, Rothko, De Kooning et Newman. C’est à la suite des bouleversements sociaux de la fin des années 1960 (mouvement des droits civils, guerre du Vietnam) que se produit le virage crucial dans son œuvre avec un retour à la figuration, marqué par l’apparition presque grotesque de la figure du Klansman (membre du Klu Klux Klan), pris comme symbole du mal mais aussi comme reflet de la société américaine dans son ensemble, sous son inquiétant masque blanc dechiré de deux lugubres traits noir représentant les yeux.
" La peinture est une illusion, un acte de magie, de sorte que ce que vous voyez n'est pas ce que vous voyez. " Philip Guston
Ce masque tombe dans ses œuvres postérieures à 1975 et laisse apparaitre une figure bulbeuse et cyclopéique, souvent interprétée comme un autoportrait. Ces œuvres, en particulier celle des Klansmen, font scandale et sont rejetées par la plupart de des pairs lors de leur première presentation en 1970. Philip Guston meurt en 1980 au seuil d’une gloire posthume.
La force des images
Dans ses œuvres principales des années 1970, Guston se confronte aux maux qui rongent la société américaine (le racisme, la violence, la guerre, la corruption des politiques, etc.), tout en démontrant une virtuosité rarement égalée dans la technique picturale ainsi que dans la force des images, melange de tragique et d’ironie mordante.
L'influence sur l'art américain
L’importance de Philip Guston dans l’art du XXe siècle, mais également dans celui du XXIe, se reflète dans l’influence grandissante qu’il exerce sur la jeune scene américaine (Dana Schutz, Amy Sillman, Cecily Brown). On le voit également dans la controverse que cette exposition a suscité lors de sa presentation en 2020 : cetains ont jugé que les représentations du Ku Klux Klan, pourtant férocement anti-racistes, pouvaient heuter la communauté noir-américaine. L'expositrion a d’abord été annulée, puis, après un deluge de critiques, reportée à cette année.