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Artemisia Gentileschi au Musée Jacquemart-André

L'exposition Artemisia Gentileschi au Musée Jacquemart-André donne à découvrir l'œuvre d'une femme résiliente et talentueuse marquée par la finesse psychologique, l'intensité dramatique et la sensualité.

19/3/2025
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3/8/2025
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Musée Jacquemart-André

Artemisia Gentileschi, artiste talentueuse et déterminée

  • Artemisia Gentileschi, une vie mouvementée
  • Résilience et succès auprès des têtes couronnées
  • Le style : maîtrise, puissance dramatique et sensualité
  • Des chefs-d'œuvre et des tableaux rarement montrés
Voir l'exposition Artemisia Gentileschi - Musée Jacquemart-André Paris
Yaël et Siséra (1620) Budapest, Szépművészeti Múzeum

Portrait d'Artemisia Gentileschi, une vie difficile

Née à Rome en 1593, la jeune Artemisia se forme auprès de son père, Orazio Gentileschi (1563-1639), artiste d’origine toscane influencé par Caravage, et fait preuve très vite d’un talent singulier pour la peinture. Son parcours de vie témoigne de sa force de caractère. À la mort de sa mère quand elle a 12 ans, elle doit s'occuper du foyer et de ses trois jeunes frères. À l'âge de 17 ans, elle est violée par un collaborateur de son père, le peintre Agostino Tassi. Après un procès, ce dernier sera condamné à un exil écourté par le Pape. Elle épouse en 1612 le peintre florentin Pierantonio Stiatesi, dont elle aura cinq enfants, mais seule sa fille Prudenzia parviendra à l'âge adulte. En 1621, son père Orazio quitte Rome pour s'installer à Gênes, puis Londres : elle ne le reverra que dix-sept ans plus tard. À partir de 1623, elle vit séparée de son mari avec sa fille. Malgré son succès, elle connaît régulièrement de graves difficultés financières. Artemisia meurt de la peste à Naples en 1656.

Résilience et succès

Le talent précoce d'Artemisia Gentileschi, associé à un dynamisme et une combativité hors du commun, lui ouvrent la voie du succès et les portes des grandes cours européennes. Elle vit successivement à Rome, Florence, Naples, Venise et Londres et parvient à chaque fois à s'introduire dans les cercles intellectuels et artistiques les plus renommés. En 1616, elle intègre l'Academia de Disegno de Florence en tant que membre de la guilde des peintres, un statut normalement réservé aux hommes. Jusqu'alors illettrée, elle apprend à lire et devient même poétesse. Son talent lui procure des commandes des grands d'Europe : le grand duc Cosme II de Medicis à Florence, le duc de Bavière Maximilien Ier, le duc d'Alcalá et futur vice-roi de Naples Fernando Afán de Ribera, le roi Philippe IV d'Espagne et le roi Charles Ier d'Angleterre.

"En trois ans, [Artemisia] est devenue si habile que j'ose dire aujourd'hui qu'elle n'a nul autre pareil." Orazio Gentileschi

Le style d'Artemisa Gentileschi : maîtrise, puissance dramatique et sensualité

Artemisia Gentileschi bénéficie des conseils et de l'appui de son père à ses débuts, mais s'en émancipe considérablement. Du Caravage, ami de son père, elle adopte la force dramatique des clais-obscurs et le dessin directement sur la toile. Mais son style unique brille par la sensualité de ses personnages, notamment dans ses nus féminins, et la profondeur psychologique qui s'en dégage. L'artiste traite des sujets bibliques et mythologiques dans de grandes compositions, excelle dans les portraits et se plait à représenter des femmes qui prennent le dessus, comme cette étonnante scène où Yael s'apprête, avec un calme sidérant, à planter un pieu dans le crâne de Siséra qui s'était réfugié dans sa tente. Dans Judith et sa servante (1615), conservé aux Offices de Florence, elle donne ses traits à Judith qui vient de décapiter Holopherne. Une vengeance de son viol ? Plus troublant encore, Artemisia ajoute aux scènes tragiques une touche de sensualité, voire d'érotisme, qui nous plonge dans la perplexité. Dans tous les cas, l'exécution est toujours extrêment maîtrisée avec un travail raffiné des compositions, des vêtements et des chairs.

Des chefs-d'œuvre et des tableaux rarement montrés

Parmi la quarantaine de tableaux présentés, on admire, grâce à un prêt exceptionnel, Suzanne et les vieillards (Pommersfelden, Schloss Weissenstein), sa première oeuvre signée et datée. Sa Vierge de l'Annonciation (collection particulière) montre sa capacité à rendre l'émotion intime et discrète dans un fini de toute beauté. Preuve de sa maîtrise sophistiquée de l’anatomie, on voit pour la première fois hors d'Italie la superbe Allégorie de l’Inclination (1615-1616), provenant d’un plafond de la Casa Buonarroti, commandée par Michelangelo Buonarroti le Jeune, poète et dramaturge, arrière-petit-neveu de Michel-Ange. Dans la Joueuse de luth du Wadsworth Atheneum (1614-15), elle fait son autoportrait au décolleté suggestif dans des habits précieux. Son talent de portraitiste est particulièrement notable dans son Portrait d'un chevalier de l'ordre de Saint-Étienne (1619-20) issu d'une collection particulière.

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19/3/2025
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3/8/2025
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Musée Jacquemart-André
158 boulevard Haussmann 75008 Paris
Du lundi au jeudi de 10 h à 18 h, vendredi de 10 h à 22 h, week-end de 10 h à 19 h
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