Etienne Dinet à l'Institut du Monde Arabe
Loin d'un Orient fantasmé, les toiles d'Etienne Dinet sont le fruit d'une passion brûlante pour la beauté du peuple et des paysages de l'Algérie.
Etienne Dinet, passions algériennes
- Des scènes prises sur le vif pour révéler la beauté incandescente de l'Algérie
- Etienne Dinet, un peintre conquis par un territoire et un peuple
- Un engagement total pour son pays d'adoption
- Une grande rétrospective en partenariat avec le Musée d'Orsay
Réalisme enflammé
La peinture d'Etienne Dinet s'éloigne des modes orientalistes pour révéler la beauté fascinante des gens et des paysages de l'Algérie. Le peintre admire Delacroix, Rembrandt et le courant réaliste français auquel appartiennent Millet ou Jules Bastien-Lepage. La beauté des paysages n'égale que celles des "indigènes", des plus humbles d'entre eux, et singulièrement des femmes qu'il peint avec la sensualité brûlante de divinités envoûtantes. De la nature, il cherche à peindre le jaillissement de l’eau et la végétation, mais également le désert du Sahara comme espace à la fois hostile et familier.
Etienne Dinet (1861-1929)
Issu d'une famille d'avoués, Etienne Dinet abandonne rapidement les études de droit pour entrer à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, puis à l'Académie Julian. Il se passionne pour les courants réalistes et impressionnistes ainsi que la photographie. Il découvre l'Algérie en 1884 en accompagnant un ami dont le frère conduit sur place une recherche scientifique. Le premier voyage d’un mois sera suivi d’un autre, l’année suivante, en compagnie de Gaston Migeon, futur promoteur des arts de l’Islam au musée du Louvre. Suivront deux décennies durant lesquelles Étienne Dinet passe ses hivers en France et ses étés à peindre dans les oasis du Sud algérien. Il finira par s'installer dans l'oasis de Bou-Saâda, au milieu de la population indigène qu'il observe avec fascination. La foi musulmane occupe une place très importante dans son œuvre : il est impressionné par la ferveur des croyants. Il se convertit lui-même à l'islam en 1913 et prend le nom de Nasreddine.
" [Dieu] est beau, Il a créé la beauté. Peut-il m'en vouloir d'adorer la beauté ? " Omar Khayyām, poète persan
Engagé pour son pays d'adoption
Pendant la Grande Guerre, Dinet se bat pour la reconnaissance de l'engagement des indigènes sous le drapeau français. Il œuvre pour le retour au pays des blessés algériens, veile au respect des rituels musulmans prescrits pour les enterrements et dessine les stèles musulmanes pour les carrés militaires. À sa mort, il est enterré selon son souhait à Bou-Saâda. La République le célèbre comme un acteur essentiel du rapprochement entre la France et l’islam; le président Paul Doumer tient à inaugurer lui-même la rétrospective qui lui est consacrée un an après sa mort. À l'Indépendance, l'Algérie le considère comme l'un des siens.
Une rétrospective exceptionnelle
Découvrir cette exposition, c’est célébrer l’Algérie millénaire à travers les yeux d’un génie de l’art. C’est également accepter de s’immerger avec profondeur, délicatesse et volupté dans des scènes de genres, peintes avec une précision remarquable et une beauté infinie.
De gauche à droite (détail) :
Sur une terrasse, un jour de fête à Bou Saâda (1906) Musée Fabre, Montpellier
Une crue de l'oued M'zi (1890) Galerie Ary Jan, Paris
La balançoire (1899) Musée des Beaux-Arts de Reims
Le Conteur arabe (1922) Collection privée