Modigliani au Musée de l'Orangerie
Renversante succession de chefs d’œuvre de Modigliani qui reflète le talent novateur et le goût avisé du marchand et soutien fidèle Paul Guillaume au début du XXe siècle.
Amadeo Modigliani, un peintre et son marchand
- Superbe sélection de chefs d'œuvre de Modigliani acquis par le marchand Paul Guillaume
- Les grandes étapes de la vie du peintre installé à Paris
- Le goût avisé d'un marchand avant-gardiste, soutien fidèle de Modigliani
- Une histoire d'amitié entre un peintre et son marchand
Modigliani à Paris
L'Italien Amadeo Modigliani (1884-1920) s'installe dans la capitale en 1906. Dans le Paris bouilonnant du début du XXe siècle, il fréquente les cercles artistiques et littéraires. Il côtoie les personnalités de l'époque comme Brancusi, Soutine, Kisling, Juan Gris, Picasso ou encore Max Jacob, de grandes figures qui peuplent ses tableaux. Il témoigne un intérêt précoce pour les arts d'Egypte, d'Afrique, d'Asie et d'Océanie qui le subjuguent dans les grands musées parisiens et sont déterminants dans la construction de son style aux formes simplifiées. Entre 1911 et 1913, il se consacre presque exclusivement à la sculpture : l'exposition en montre de très beaux exemplaires.
La rencontre avec Paul Guillaume
Paul Guillaume, galeriste et collectionneur (1891-1934) découvre vraisemblablement Modigliani en 1914 par l'entremise du poète Max Jacob et devient son marchand en 1915. C'est l'un des premiers marchands à le soutenir : il l'installe dans un atelier à Montmartre, l'encourage sans cesse et lui achète jusquà sa mort plus d'une centaine de toiles, une cinquantaine de dessins et une douzaine de sculptures. Les deux amis partagent une passion pour les statues et masques africains : Paul Guillaume est l'un des rares marchands de son époque à les considérer comme des œuvres d'art et l'un des premiers à les exposer aux côtés d'œuvres d'art moderne européen. L'exposition montre une très belle sélection de ces œuvres qui sont passées entre les mains du marchand, où dont il a parlé dans sa revue Les Arts à Paris.
" Si on répétait toujours le même acte, on n'apprendrait jamais rien. " Paul Guillaume
Les nus et la période méridionale
En 1916, avec le soutien de son nouveau marchand Léopold Zborowski, Modigliani se remet à peindre des nus féminins, des images alors perçues comme choquantes et qui reflètent le soutien de l'artiste à l'émancipation des femmes. Lors des derniers mois de la Première Guerre mondiale, Paris est sous les bombes et la santé de Modigliani se dégrade. Il s'installe à Nice avec sa compagne Jeanne Hébuterne. Là, il réalise certaines de ses œuvres les plus fortes. Il peint des enfants, des domestiques, des commerçants et autres anonymes et s'essaie même au paysage. Une très belle salle est consacrée aux nus et à cette période niçoise.
Un marchand au goût avisé et novateur
En parallèle au parcours de Modgliani, l'exposition retrace les grandes étapes de la carrière de son soutien fidèle Paul Guillaume, des débuts dans un modeste appartement de l'avenue de Villiers jusqu'à la consécration dans un luxueux appartement de l'avenue du Bois, aujourd'hui avenue Foch. Dans sa galerie, Paul Guillaume expose Modigliani et des artistes comme Derain, Matisse, Van Dongen et Picasso. Il conseille et fournit en tableaux Albert Barnes, un Américain richissime qui crée sa fondation près de Philadelphie. Paul Guillaume meurt prématurément en 1934 d'une péritonite, après une vie trop courte consacrée à la promotion de l'art de son époque.
De gauche à droite :
Portrait de Paul Guillaume (1916) Museo del Novecento, Milan
Tête de femme (1911-13) Centre Pompidou, Paris
Portrait de Moïse Kisling (1915) Pinacoteca di Brera, Milan
Madam Pompadour (1915) The Art Institute of Chicago