Le subtil Dom Juan de Macha Makeïeff à l'Odéon
Macha Makeïeff livre un subtil travail de mise en scène à la scénographie délicate et au jeu d'acteurs ciselé qui donne le temps de révéler toute la puissance de l'œuvre.
Perversité XVIIIe pour le Dom Juan de Macha Makeïeff
- Dom Juan ou la course effrenée aux plaisirs
- Un personnage complexe et ambigu, qui pourfend les conventions sociales, morales et religieuses
- Macha Makeïeff montre un libertin sans panache, fatigué de ses propres méfaits
- Macha Makeïeff, une artiste complète
Dom Juan ou la jouissance sans remords
Le chef-d’œuvre de Molière se concentre sur les nombreuses aventures amoureuses d'un noble libertin et son mépris pour les conséquences : trahison, déshonneur, crime. L'auteur s'est inspiré du classique espagnol "El burlador de Sevilla y convidado de piedra" (L'Abuseur de Séville et le Convive de pierre) écrit entre 1612 et 1625 par Tirso de Molina qui fut le premier à porter au théâtre le mythe de Dom Juan. Molière y ajoute des éléments de satire sociale et surtout approfondit la caractérisation du personnage pour en révéler tant le charisme que l'égoïsme et la bassesse.
Un personnage ambigu et complexe, en rupture
C'est ce qui fait la modernité du chef d’œuvre de Molière : il fait le portrait d'un personnage complexe et ambigu. Séducteur, charismatique et plein d'esprit, il est aussi capable d'ignominie et d'une parfaite indifférence aux malheurs d'autrui. Cette dualité de caractère rend Dom Juan à la fois fascinant et troublant, incitant le public à se questionner sur la nature même de la moralité et de la culpabilité. Sa course égocentrique aux plaisirs remet en question les conventions de son époque en rejetant ouvertement les principes moraux et les valeurs religieuses qui guident la société.
" Un Dom Juan traqué, au bout du rouleau " Macha Makeieff
L'excellence de la mise en scène
Macha Makeïeff transpose l'œuvre dans l'univers pervers et crépusculaire du libertinage au XVIIIe siècle, entre Marquis de Sade et Choderlos de Laclos. Son Dom Juan est un personnage esseulé, épuisé par sa propre vacuité. Un séducteur apathique qui tourne en rond malgré ses nombreuses conquêtes, et que son entourage ne respecte plus. La mise en scène sophistiquée joue sur le raffinement des décors, des costumes et surtout des lumières gérées de main de maître par Jean Bellorini. Rare au théâtre aujourd'hui : la parfaite maîtrise du temps, sans précipitation et tout en justesse, qui laisse respirer le texte et module le jeu d'acteurs avec une remarquable précision. Les moments musicaux ou chorégraphiés sont parfaitement pertinents dans ce somptueux spectacle qui se savoure d'une traite.
Macha Makeïeff, une artiste complète
Metteuse en scène, scénographe, autrice et plasticienne, Macha Makeïeff a monté plusieurs pièces de Molière. On se souvient de son Trissotin ou Les Femmes savantes (2015) et de son Tartuffe Théorème (2020). Elle a dirigé La Criée – Théâtre national de Marseille. Macha Makeïeff a crée avec Jérôme Deschamps la fameuse émission Les Deschiens sur Canal+ dans les années 90, un programme d'humour caustique et satirique qui a fait date. Au théâtre, elle se distingue par un style éclectique et visuellement saisissant, mêlant souvent le burlesque, le fantastique et l'onirisme. Depuis 2014, elle conçoit les costumes des spectacles de Jean Bellorini.
La Presse en parle
« La metteuse en scène propose une lecture complexe et subtile du chef-d’œuvre de Molière pour le faire résonner avec notre époque. » Le Monde
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Drame en cinq actes de Molière (1665)
Macha Makeïeff mise en scène
Jean Bellorini lumières
Xavier Gallais Dom Juan
Vincent Winterhalter Sganarelle
Irina Solano Elvire, le spectre
Pascal Ternisien Dom Luis, Monsieur Dimanche
Jeanne-Marie Lévy Une libertine, Musicienne [mezzo-soprano]
Xaverine Lefebvre Charlotte, Libertine, Le commandeur
Khadija Kouyaté Mathurine, Une Libertine
Joaquim Fossi Dom Alfonse, Pierrot
Anthony Moudir Dom Carlos, Gusman