Gisèle Halimi, une farouche liberté à La Scala
Basé sur le livre d’entretiens menés par la journaliste Annick Cojean, un portrait fin et édifiant de la célèbre avocate et ses soixante-dix ans d’engagement au service de la justice et de la cause des femmes.
Gisèle Halimi et Annick Cojean texte
Agnès Harel, Philippine Pierre Brossolette et Léna Paugam adaptation
Léna Paugam mise en scène
Avec Ariane Ascaride, Philippine Pierre Brossolette
La vie et les combats de Gisèle Halimi à La Scala
- Un portrait édifiant et subtil de la célèbre avocate disparue en juillet 2020
- Un récit à deux voix, l'une jeune et l'autre d'âge plus mur
- La vie plus intime de Gisèle Halimi
Gisèle Halimi
Gisèle Halimi (1927-2020), née Zeiza Gisèle EliseTaïeb, est une avocate engagée et militante féministe qui a marqué l'histoire par ses combats pour la justice et l'égalité, les droits des minorités et contre le racisme. Née en Tunisie en 1927, elle fait ses études de droit à Paris et devient avocate en 1949. Elle s'est notamment illustrée dans des procès retentissants et médiatisés, comme celui de Djamila Boupacha, torturée et violée lors de sa détention par des militaires français pendant la guerre d'Algérie. En 1972 au procès de Bobigny, elle plaide pour la dépénalisation de l'avortement. En 1978, sa défense de deux jeunes femmes victimes d'un viol collectif aboutit à l'élargissement de la criminalisation du viol. Aux côtés de Robert Badinter, elle met fin à l'âge plus élevé (18 ans au lieu de 15) de la majorité sexuelle pour les homosexuels. Proche de François Mitterrand, elle est députée de 1981 à 1984 et occupe ensuite des postes importants dans des organisations internationales comme l'UNESCO et l'ONU. Elle est aussi co-fondatrice de l'association alter-mondialiste ATTAC en 1998.
Un récit à deux voix
Philippine Pierre Brossolette et Ariane Ascaride incarnent Gisèle Halimi à deux âges de sa vie : la jeune avocate et la figure établie de la lutte engagée. Cette construction en duo donne au spectacle du rythme et une certaine tension qui rendent l'avocate encore plus humaine, plus proche, avec ses emballements, ses failles et ses certitudes. Le récit concis (1 h 20) brosse les moments-clé de la vie de l'avocate sur la base du livre d'entretiens qu'elle a eus avec la journaliste Annick Cojean, Une farouche liberté, paru en 2020 peu avant sa mort.
" Ma dignité d'avocate ne saurait museler ma liberté de femme. " Gisèle Halimi
Les confidences intimes
La pièce aborde aussi l'histoire personnelle de Gisèle Halimi. Elevée dans une famille religieuse et très traditionnelle, elle s'insurge très tôt contre les règles machistes et entame même, enfant, des grèves de la faim pour ne plus servir ses frères à table ou ne plus être obligée de faire leur lit. Adorée par son père, elle souffre du manque d'affectation de sa mère qui préfère ses frères. On découvre dans la pièce tous les visages de la célèbre avocate éprise de liberté : la femme politique rebelle, la jeune fille, la mère, la grand-mère, l’amoureuse…