L'Avare de Molière au Théâtre de la Tempête
Un Avare détonnant au Théâtre de la Tempête, dans un décor de simples portants qui recueillent des accessoires apportés par le public. Pour mieux savourer l'essentiel : le texte jouissif de Molière et la performance des acteurs.
Un Avare version recyclerie au Théâtre de la Tempête
- Une satire hilarante et d'une grande finesse de l'avarisme et de l'égoïsme
- Des comédiens hors pair, d'un naturel saisissant
- Un décor minimaliste fait de bric et de broc...
- ... qui n'empêche pas une très intelligente utilisation de l'expace au plateau
L'égoïsme sans limite d'un être obnubilé par l'argent
Avide autant qu’avare, Harpagon n’aime que son argent. Il cherche à marier de force ses enfants Cléante et Élise à de vieilles gens fortunées, mais son intendant Valère aspire secrètement à la main d’Élise, tandis que Cléante est épris de Marianne, dont Harpagon est lui-même sous le charme… Dans cette pièce aux multiples rebondissements, c'est la fougue et la sincérité de la jeunesse qui s'oppose à l'égoïsme aveugle et autoritaire d'un être dénué de sentiments qui accumule un trésor par l'usure et le dénuement de ses proches.
Une satire acérée à l'humour jouissif
La célèbre pièce de Molière (1688) est un sommet de la comédie noire. Les personnages sont dépeints avec humour et finesse, mettant en relief des thématiques qui font écho à nos problématiques contemporaines. La pièce démasque ainsi ces êtres avides d’hier et aujourd’hui, peu scrupuleux sur les moyens de faire commerce, prêts à vendre leurs propres enfants s’ils pensent y avoir un intérêt.
" La peste soit de l'avarice et des avariceux ! "
Une mise en scène étonnante... qui fonctionne parfaitement
Le plateau sans décor n'est équipé que de portants métalliques où s'accumulent costumes et accessoires, la plupart apportés à chaque représentation par les spectateurs eux-mêmes. La pièce se réinvente à chaque représentation avec cette contribution imprévisible qui crée un joyeux fatras diligemment classé, rangé et exploité par la troupe. Pour autant, la mise en scène n'en est pas moins très étudiée, avec une utilisation brillante de l'espace scénique et un ryhtme parfaitement maîtrisé : on n'en perd pas une miette !
Des comédiens hors pairs
Le texte de Molière est scrupuleusement respecté, mais il est dit avec une telle fraîcheur et tant d'incarnation qu'il semble avoir été écrit hier. On le doit à la remarquable interprétation des comédiens, tous parfaits, avec une mention spéciale pour John Arnold (Harpagon) en vieil autocrate retors et mesquin, mais aussi manipulable tant son appaâ du gain est maladif. Ainsi, la succession de quiproquos comiques et le suspense de l'intrigue rendent ce moment délectable.
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Clément Poirée mise en scène
Avec John Arnold, Mathilde Auneveux, Pascal Cesari, Virgil Leclaire, Nelson-Rafaell Madel, Laurent Ménoret, Marie Razafindrakoto, Anne-Élodie Sorlin