La Vestale, de Gaspare Spontini, à l'Opéra Bastille
Œuvre acclamée à sa création, La Vestale est une brillante synthèse du classicisme et du romantisme. La mise en scène de Lydia Steier y voit une exploration de l’extrémisme religieux et de l'autoritarisme.
L'Opéra de Paris donne une Vestale de Spontini ancrée dans un monde fanatique et autoritaire
- Le choix impossible entre passion amoureuse et devoir religieux
- La mise en scène de Lydia Steier, une dénonciation virulente du fanatisme et de l'autocratie
- Un succès à la gloire de Napoléon avant un long oubli
- Gaspare Spontini, la transition romantique
Un choix cornélien entre l'amour et le devoir religieux
Licinius a conquis la Gaule et revient à Rome célébrer sa victoire. Il doit aussi retrouver Julia qui lui avait été promise à son départ cinq ans plus tôt. Mais Julia a été embrigadée de force dans la confrérie religieuse des Vestales, ces prêtresses chargées de garder le feu sacré. L'amour y est interdit et honi. Tout manquement à leur devoir occasionera l'extinction du feu sacré et la Vestale coupable sera enterrée vivante. Julia est chargée de couronner Licinius qui la reconnaît et la retrouve ensuite. L'amour les emporte, et le feu s'éteint. Julia est condamnée. Licinius parviendra-t-il à la sauver ?
Lydia Steier fait de la Vestale une fable sur le fanatisme et l'autoritarisme
La metteuse en scène américaine Lydia Steier a monté de nombreux opéras. Son univers de La Vestale est fait de violence, de brutalité et d’oppression. La cérémonie à la gloire de Licinius rappelle un défilé militaire stalinien sur la Place Rouge. Les Vestales forment une congrégation sectaire et radicale, sans pitié. Dans un amphithéâtre reconstitué de la Sorbonne, le feu sacré se nourrit de livres comme pour un autodafé.
" Quelle œuvre ! comme l’amour y est peint !... et le fanatisme ! Quels accords dans ce finale de géant ! " Berlioz
Un succès à la gloire de Napoléon, avant un long oubli
Dédiée à Joséphine et multipliant les allusions politiques à Napoléon, l’œuvre connaît un triomphe dès sa création à l’Opéra de Paris en 1807. La Vestale fut donnée plus de cent fois d'affilée et suscita des réactions enthousiastes partout en Europe. Protégé de l'Impératrice Joséphine et fort apprécie par Napoléon lui-même, Spontini signa avec cet opéra une œuvre magistrale pour l'époque. La Vestale incarne avec brio l'esprit de l'Empire : la nouvelle synthèse entre monarchie et république, entre Ancien régime et Révolution, que Napoléon Ier cherchait à réaliser. Cet opéra n'avait pas été joué à Paris pendant plus de cent ans avant d’être donné en 2023 au Théâtre des Champs-Elysées dans une production dirigée par Jérémie Rhorer et Eric Lacascade.
Gaspare Spontini, la transition romantique
Gaspare Spontini (1774-1851) étudie la musique à Naples. Sa carrière décolle avec le succès de La Vestale à Paris. Parmi ses œuvres-phares, citons Fernand Cortez (1809) et Olympie (1819). Son style se caractérise par une combinaison d'éléments classiques et romantiques, avec une préférence pour les effets dramatiques et les grands ensembles vocaux. Spontini influença de nombreux compositeurs du XIXe siècle et son œuvre fut souvent considérée comme une transition entre le classicisme et le romantisme dans l'opéra.
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Opéra en trois actes (1807) sur un livret d'Etienne de Jouy
Bertrand de Billy direction musicale
Lydia Steier mise en scène
Elza van den Heever Julia
Michael Spyres Licinius
Ève-Maud Hubeaux La Grande Vestale
Julien Behr Cinna
Jean Teitgen Le Souverain Pontife
Florent Mbia Le Chef des Aruspices, un consul
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris