Les Fausses confidences de Marivaux aux Amandiers
Au Théâtre Nanterre-Amandiers, Alain Françon signe une mise en scène magistrale des "Fausses confidences" de Marivaux pour révéler toute la finesse d'un texte aussi drôle que perspicace.
Aux Amandiers, de subtiles fausses confidences
- Les fake news version XVIIIe siècle pour conquérir une veuve fortunée
- Marivaux ou la métaphysique du cœur
- Une mise en scène intelligente et fine
- Alain Françon, l'un des grands metteurs en scène français
Fake news et manipulation à la mode du XVIIIe
Dorante, un jeune avocat encore pauvre, aime éperdument Araminte, une veuve fortunée, belle et puissante. Comment se faire aimer d'une telle femme ? C'est là qu'intervient l'habile valet Dubois : acteur, scénariste et démoniaque metteur en scène de toute une intrigue de manipulation, il est déjà au service d'Araminte et y fait engager à son tour son ancien maître Dorante en qualité d’intendant. Dubois maniera adroitement l'art de la « fausse confidence » et les effets qu’entraînent certaines informations prétendument secrètes, pourvu qu’elles soient distillées au bon moment et dans les bons termes…
Marivaux, orfèvre des sentiments
Pierre Carlet de Chamblain de Marivaux (1688-1763), connu sous le nom de Marivaux, est issu d’une famille noble originiaire de Normandie. Il débute dans les lettres avec des romans avant de se tourner vers le théâtre, où il excelle dans l’exploration des sentiments. Ses pièces, comme "La Surprise de l'amour" (1722), "Le Jeu de l’amour et du hasard "(1730) et "Les Fausses Confidences "(1737), abordent avec finesse les émois de l’amour et de la séduction et reflètent la complexité des relations sociales de son époque. Marivaux innove avec un style brillant, mêlant acuité psychologique et dialogues subtils, au point que le terme "marivaudage" désigne aujourd’hui cet art du badinage élégant.
"Mais il n'est riche qu'en mérite et ce n'est pas assez." Dubois parlant de Dorante à Araminte
Une mise en scène très fine, des comédiens parfaits
Alain Françon propose au Théâtre Nanterre-Amandiers des "Fausses Confidences" magistrales. Dans une mise en scène très épurée, chaque geste et chaque mouvement des comédiens est pesé et contribue à la parfaite lisibilité du texte. L'économie de moyens de la scénographie donne toute sa place au jeu des acteurs. Ceux-ci font preuve d'une remarquable maîtrise dans une incarnation réaliste et nuancée des personnages : le texte est dit avec mesure, le rythme laisse sa juste place aux silences et aux doutes, les effets comiques sont jouissifs sans excès. Mention spéciale pour Georgia Scalliet (Araminte) et Pierre-François Garel (Dorante) qui donnent au jeu de la séduction et les tourments qu'elle provoque un caractère sensible, au-delà de la pure comédie.
Alain Françon, grand metteur en scène de théâtre
Alain Françon est né en 1945 à Saint-Etienne. Il se forme au théâtre à la fin des années 1960, époque marquée par un profond renouvellement artistique. Cofondateur du Théâtre Éclaté à Annecy en 1971, il y développe un répertoire exigeant, mêlant auteurs classiques et contemporains. À partir des années 1990, il dirige successivement le Centre Dramatique National de Lyon - Théâtre du Huitième, puis le prestigieux Théâtre national de la Colline à Paris (1996-2010). Son style se caractérise par une rigueur dans l’analyse des textes et une direction d’acteurs minutieuse. Françon excelle notamment dans les œuvres de Tchekhov, Ibsen et Pinter ou encore Edward Bond, qu’il a fait connaître en France.
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Alain Françon mise en scène
Avec Pierre-François Garel, Guillaume Lévêque, Gilles Privat, Yasmina Remil, Séraphin Rousseau. Alexandre Ruby, Georgia Scalliet, Maxime Terlin, Dominique Valadié