The Rake's Progress, de Stravinsky, à l'Opéra Garnier
Retour à l'Opéra de Paris de la version flamboyante du Rake's Progress de Stravinsky dans une mise en scène d'Olivier Py. Une descente aux enfers musicale.
Le Rake's Progress flamboyant d'Olivier Py à l'Opéra Garnier
- La perdition d'un jeune héritier qui s'enfonce dans le vice
- Une merveille de finesse, d'ironie et de sensibilité
- Stravinsky, classique et moderne
- La mise en scène flamboyante d'Olivier Py
Le tourbillon de la débauche
The Rake’s Progress conte les mésaventures du jeune et fortuné Tom Rakewell dans sa lente descente aux enfers. Sous l’influence d’un personnage diabolique nommé Nick Shadow, l’héritier dilapide son argent dans le jeu et les maisons closes. Malgré l’amour éperdu de sa fiancée Ann, Tom sombre peu à peu dans la folie…
Une merveille de finesse, d'ironie et de sensibilité
Stravinsky découvre, à l’occasion d’une exposition consacrée au peintre William Hogarth, une série de gravures moralistes intitulée The Rake’s Progress (1735). Véritable révélation, cette série inspire la dernière œuvre cataloguée "néoclassique" du compositeur. C’est à Hollywood, entouré des deux brillants librettistes Wystan Auden et Chester Kallman, que Stravinsky imagine ce conte musical aux allures macabres. Il crée ainsi à La Fenice de Venise en 1951 son premier opéra en anglais. Par sa facture néo-classique, empruntant aux codes du XVIIIe siècle, le compositeur déçoit certains de ses contemporains en quête d’avant-garde. C’est pourtant une œuvre d’une grande audace, notamment rythmique. Exercice de style époustouflant,The Rake’s Progress puise dans les influences mozartienne et belcantiste, avec une place centrale donnée à la technique du chant.
" J'ai dit quelque part qu'il ne suffisait pas d'entendre la musique, mais qu'il fallait encore la voir. " Igor Stravinsky
Igor Stravinsky, classique et bien moderne
Igor Stravinsky (1882-1971) est un compositeur russe, naturalisé français puis américain, qui a marqué le XXe siècle. Il débute avec le "primitivisme" du "Sacre du printemps" (1913), caractérisé par des rythmes envoûtants et une orchestration radicalement novatrice. Il évolue ensuite vers le néoclassicisme avec "Pulcinella "(1920), en s’inspirant de formes classiques qu'il modernise. Plus tard, il explore le dodécaphonisme avec "Agon" (1957), influencé par la technique sérielle de Schoenberg. Parmi ses œuvres majeures figurent "L’Oiseau de feu", "Petrouchka" et "The Rake’s Progress." Stravinsky est reconnu pour son inventivité rythmique, son sens de la forme musicale et sa capacité à renouveler son langage tout au long de sa carrière.
Mise en scène exubérante d'Olivier Py
Donnée pour la première fois en 2008, la mise en scène d'Olivier Py a pu heurter par ses excès dans l'évocation du sexe et de la débauche. Le dramaturge ne fait pas dans la sobriété, et le résultat est grandiose. Les décors de Pierre-André Weitz, dans une machinerie de tréteaux coulissants, amplifient la force des scènes dans un parcours inéluctable de la perdition.
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Opéra en trois actes (1951)
Susanna Mälkki direction musicale
Olivier Py mise en scène
Ben Bliss Tom Rakewell
Iain Paterson Nick Shadow
Clive Bayley Truelove
Golda Schultz Ann Trulove
Justina Gringytė Mother Goose
Jamie Barton Baba the Turk
Rupert Charlesworth Sellem
Vartan Gabrielian Keeper of the madhouse
Orchestre et Chœurs de l’Opéra national de Paris